Le Niger renvoie les réfugiés Soudanais en Libye

Des réfugiés soudanais attendent d'être chargés dans des camions pour être expulsés vers la Libye / Photo : IRIN

soudanais

Les hommes Soudanais ont été déportés à travers la frontière terrestre dans le sud de la Libye, mercredi ou jeudi, et on ignore où ils se trouvent actuellement, selon le responsable du HCR.

Avant la déportation, le HCR a obtenu la libération de femmes et d’enfants, et plusieurs autres personnes se sont enfuies.

Le 7 mai, plusieurs gros camions sont entrés dans la prison. Lorsque les Soudanais ont résisté aux ordres d’embarquer dans les camions, la police les a battus, selon des personnes qui se sont échappées.

Trois hommes ont été transportés à l’hôpital en raison de la gravité de leurs blessures.
Les camions sont partis en direction de Madama, un avant-poste dans le désert près de la frontière libyenne et à environ 900 kilomètres, soit deux à trois jours de voyage exténuant, d’Agadez.

Le 9 mai, IRIN a reçu la confirmation du haut fonctionnaire du HCR que les 135 Soudanais qui se trouvaient dans les camions avaient été expulsés vers la Libye.

« Nous avons expulsé un groupe de criminels qui faisaient partie des milices combattant dans le sud de la Libye pour des raisons de sécurité », a indiqué à IRIN la source du ministère de l’Intérieur Nigérien. « Ils n’avaient aucun statut en tant que réfugiés politiques ou humanitaires. »

Agadez est un important centre de transit pour les migrants qui voyagent d’Afrique de l’Ouest vers la Libye en route vers l’Europe. Mais depuis décembre dernier, plus de 1 700 réfugiés et demandeurs d’asile Soudanais ont fui la Libye vers le Niger, selon les derniers chiffres du HCR.

C’est un renversement significatif de la tendance des personnes qui voyagent au nord de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest vers la côte libyenne, pour traverser la mer et chercher une protection en Europe.

Depuis 2013, plus de 600 000 demandeurs d’asile et migrants ont emprunté cette route vers l’Italie. Le nombre d’arrivées a considérablement diminué depuis la mi-juillet, lorsque le gouvernement italien aurait coopté les milices libyennes pour lutter contre le trafic d’être humains.

Depuis le début de 2017, la Garde côtière libyenne a déclaré avoir renvoyé près de 19 000 personnes en Libye.

Une plainte récente déposée auprès de la Cour européenne des droits de l’homme allègue que ces personnes ont été renvoyées contre leur gré et soumises à des traitements inhumains, y compris des passages à tabac, des viols et des actes de torture.

La migration clandestine est criminalisée en Libye, et les personnes qui entrent illégalement dans le pays sont régulièrement détenues pour des périodes indéterminées et subissent des abus de la part des autorités et des passeurs.

Au cours d’une visite d’une semaine d’IRIN à Agadez en mars, les réfugiés Soudanais ont déclaré avoir fui la situation en Libye. « Les gens étaient emprisonnés et tués, il y avait des vols, Quand quelqu’un travaille, il ne reçoit pas son salaire », a déclaré le contact Soudanais d’IRIN, âgé de 58 ans et originaire de la région soudanaise du Darfour.

La majorité des Soudanais qui sont venus à Agadez viennent du Darfour, qui a été impliqué dans un conflit depuis 2003. Beaucoup avaient déjà été enregistrés auprès du HCR dans des camps pour personnes déplacées internes au Soudan, ou dans des camps de réfugiés au Tchad. Ils ont voyagé en Libye ces dernières années à la recherche d’opportunités économiques, ou avec l’intention de traverser la mer vers l’Europe, mais ont été pris dans l’anarchie et la violence qui ont caractérisé le pays depuis la révolution de 2011.

Beaucoup de Soudanais « sont devenus la proie des trafiquants d’êtres humains et se sont retrouvés dans des situations d’esclavage, forcés de travailler, battus, non payés », a expliqué Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale.

Comme la route entre la Libye et l’Europe était restreinte, les Soudanais en Libye n’avaient que peu d’options d’où aller.

Le gouvernement Nigérien s’est méfié de la présence des Soudanais depuis leur arrivée en décembre et a qualifié nombre d’entre eux de mercenaires dans les milices libyennes.

« Nous avons compris qu’il y avait un réel danger parce que vous avez des combattants dans le sud de la Libye », a déclaré à IRIN Mohamed Bazoum, ministre de l’Intérieur du Niger. « Ils sont venus ici parce qu’ils attendent maintenant d’aller en Europe. »

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