Le Tchad sous l’Occupation libyenne de Mouammar Kadhafi

Idriss Déby (gauche) et Kadhafi / Photo : Reuters

occupation

Entre 1978 et 1987, la Libye de Mouammar Kadhafi intervient par quatre fois au Tchad.

En 1965, cinq ans après la décolonisation du Tchad, le pays est frappé par une guerre civile qui dure 40 ans.

L’indépendance est proclamé le 11 aout 1960, et le premier président élu est François Tombalbaye.

Guerres civile Tchadienne

Les guerres civile débutent fin 1965 par une révolte contre le régime de Tombalbaye, et se termine en 1979 par l’établissement du Gouvernement d’union nationale formé par différents « groupes rebelles » présidé par Goukouni Wedye.

Dès 1979, l’opposition entre Goukouni Wedeye et Hissène Habré, son ministre de la Défense conduit à la deuxième guerre civile Tchadienne.

Le gouvernement d’Union nationale et de transition (GUNT), animé par Goukouni Oueddei, chassé du pouvoir par les forces d’Hissène Habré, se retire dans le nord du Tchad.

Dans un premier temps, Hissène Habré est aidé et soutenu par la Libye de Mouammar Kadhafi.

L’implication de la Libye dans la guerre civile au Tchad vise à mettre la main sur le territoire du nord du Tchad, la bande d’Aouzou. Kadhafi cherche à faire du Tchad une « république islamique », à l’image de la Libye, un état pro-Kadhafi servant à ses ambitions comme acteur de premier ordre en Afrique centrale.

Photo : Art Presse

Pendant plusieurs années, les forces libyennes de Kadhafi annexent et occupent la bande d’Aouzou, s’appuyant sur des mouvements rebelles Tchadiens.

Les différents gouvernements Tchadiens se retrouvent menacés par des rebelles soutenus par Kadhafi en 1978, en 1983 et 1986.

La guerre s’aggrave en 1983 alors que les forces libyennes occupent le nord du Tchad jusqu’à la contre-offensive des forces de Habré. (qui aboutit en mars 1987 à la reconquête du nord.)

« Guerre en Toyota »

La contre-offensive mise en oeuvre par Hissène Habré inflige des pertes lourdes aux forces d’occupation libyennes.

Habré utilise de nouveaux matériels (automitrailleuses, pick-ups Toyota, missile antichars, missiles sol-air …), les manoeuvres tactiques, attaques « en essaim », effet de surprise, raids, ont permis aux Tchadiens de remporter ce que l’on appelle « Guerre en Toyota ».

L’occupation libyenne a pris fin en mars 1987. Un cessez-le-feu a été signé le 10 septembre 1987, consacrant la victoire d’Habré.

La Libye, le Tchad et Kadhafi

L’implication libyenne au Tchad remonte bien avant 1969, année du coup d’Etat de Kadhafi.

En 1965, des rebelles tchadiens créent le FROLINAT contre la présidence autoritaire et de plus en plus isolée de François Tombalbaye.

En août 1968, les Toubous de la Garde Nationale et Nomade se mutinent dans l’Aouzou.

Les relations entre la Libye et le Tchad sont anciennes en raison des migrations nomades entre les deux pays, et la sénoussiya, confrérie de Muhammad al-Sénoussi née au XIXème siècle en Cyrénaïque, creuset du nationalisme libyen, avait essaimé au sud, dans le Tibesti, près du lac Tchad et jusqu’au Darfour pour contrer la conquête de l’Algérie française et étendre son influence.

En outre la Libye a des revendications non satisfaites sur la partie nord du Tchad qui remontent au temps de la colonisation italienne.

Cependant, le roi Idris 1er ne veut pas d’une confrontation avec le pouvoir Tchadien, et ne fournit pas d’armes aux rebelles, simplement une aide logistique et un sanctuaire.

Tout change avec l’arrivée au pouvoir de Kadhafi. Celui-ci revendique rapidement la bande d’Aouzou, au nord, soit un sixième du Tchad, en se référant à un traité non ratifié conclu en 1935 entre l’Italie, qui tient alors la Libye, et la France qui occupe le Tchad.

Kadhafi ne s’embarrasse pas des précautions d’Idriss et fournit un armement aux rebelles du FROLINAT. En 1971, les rebelles du FROLINAT lancent un coup d’Etat contre Tombalbaye qui manque de peu de réussir. Le président Tchadien, voyant sa position s’affaiblir, négocie avec Kadhafi.

En décembre 1972, Tombalbaye accepte l’occupation de la bande d’Aouzou par la Libye en échange de l’arrêt du soutien au FROLINAT. Six mois plus tard, les troupes libyennes investissent la région et ses principales villes, et créent une base aérienne près de l’oasis d’Aouzou.

L’occupation de la bande d’Aouzou par Kadhafi (qui recèle des richesses supposées en uranium) est aussi le moyen de placer la Libye comme pôle de puissance régionale, tout en se protégeant au sud contre l’Egypte avec lesquelles les relations sont au plus mal depuis 1979. Un vrai test de puissance pour la Libye.

Le 13 avril 1975, Tombalbaye est renversé et tué par l’armée qui porte au pouvoir le général Félix Malloum.

L’un des motifs du coup d’Etat est la reculade devant la Libye, Malloum dénonce aussitôt le traité signé par son prédécesseur et reprend le soutien aux rebelles libyens opérant depuis le Tchad.

Kadhafi fait de même de son côté, les rebelles sont organisés désormais au sein de la 1ère armée de libération dirigée par Ahmed Acyl, surtout composée d’Arabes du Tchad, et de la 2ème armée de libération menée par Goukouni Oueddei et Hissène Habré (comprenant des Toubous, mais de différents clans, du nord du Tchad).

Cette dernière armée va bientôt se scinder sur la question du soutien libyen, Habré, qui y est hostile, se dégage du FROLINAT et opère seul, tandis que Oueddei crée les Forces Armées Populaires avec le soutien de Tripoli.

Kadhafi entame une campagne de communication laissant entendre qu’il pourrait annexer la bande d’Aouzou à la fin de l’année, l’armée libyenne, aux côtés du FROLINAT, occupe déjà, de fait, le tiers nord du Tchad.

Au total, Mouammar Khadafi interviendra quatre fois au Tchad.

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